Pourquoi les saunas gais doivent rester ouverts en temps de COVID

Sauna

Roger-Luc Chayer

Un individu polémiquait la semaine dernière avec moi sur les préjugés entourant la réouverture des saunas gais au Québec en présence du risque de COVID toujours présent, et après avoir lû les commentaires des lecteurs de TVA, qui en avait parlé, je suis forcé de constater que le principal problème n’est pas le virus, mais les préjugés. Tout d’abord, avant même d’en parler et pour mieux comprendre la situation, il faut prendre pour acquis que les saunas qui décident de reprendre du service le font avec une réelle volonté de respecter les règles et qu’ils le font avec la supervision des autorités publiques. C’est une condition essentielle à leur maintien! Ensuite, à voir le contenu des commentaires, les saunas gais sont des organisations qui proposent à leurs clients des expériences absolument uniques, sexuelles à fond la caisse, à toutes les sauces, des heures de débauche où tout le monde, telle une orgie romaine, se vautre dans de vastes salles, sans la moindre protection, des « baisodrômes », pour en sortir vidés, épuisés, sans l’ombre de la moindre morale résiduelle! OUIN bin c’est pas tout à fait ça un sauna gai en passant…

Il faut connaître l’historique de ces lieux de socialisation pour hommes pour en comprendre l’importance dans l’épanouissement de la collectivité LGBT. À une autre époque, des années avant l’Internet ou les bars gais à profusion, il y avait les saunas pour hommes, peu importe qu’ils soient homo, hétéros ou bis, qui permettaient une socialisation qui allait donner naissance au mouvement pour les droits des gais, mais aussi pour le droit de vivre également et en toute impunité, ce que le reste de la société avait de facto. Très souvent, les hommes d’affaires, des étudiants, des travailleurs autonomes ou des professionnels s’y donnaient rendez-vous pour y prendre une bière, pour discuter dans un bain tourbillon ou dans le sauna vapeur, pour construire un cercle d’amis leur permettant d’être ce qu’ils étaient sans devoir continuellement jouer un jeu de rôle. Et puis comme dans toutes les sphères de la société, quand des gens se plaisent, ils se laissent aller et oui il y a une certaine sexualité dans les saunas, comme partout ailleurs.

Quand je regardais la vidéo d’un commercant frustré de savoir les saunas ouverts, jaloux en fait serait le meilleur terme, il supportait ses affirmations de tous les préjugés à sa connaissance, sans jamais ne mentionner la réalité. La réalité dans les saunas, elle existe, et crier à leur fermeture en temps de COVID c’est de forcer les hommes à retourner dans le maquis sur la base de faits qui sont faux. ET c’est pour ça que la plupart des hommes gais ne souhaitent pas la fermeture des saunas ou des bars gais, parce qu’ils sont le résultat de lourds combats en matière de droit à l’existence.

Le mec qui polémiquait avec moi, me disait avec de grands gestes que les saunas gais étaient le vecteur de la COVID à Montréal, qu’il était ignoble de les laisser opérer. Quand je lui ai demandé de me dire quels chiffres confirmaient cette affirmation venant de la santé Publique, il n’a pas pu me donner un seul résultat. Et quand je lui ai demandé de me nommer les 3 plus grands saunas au Canada, il m’a sorti 3 saunas gais, 2 de Montréal et 1 de Toronto. Or, je l’ai informé que les 3 plus grands saunas au Canada étaient hétérosexuels, dont un des plus grands au monde à Montréal-Nord et qu’ils fonctionnaient sans générer la moindre polémique, il n’a jamais sû quoi me répondre. Parce que ça prouvait exactement mon point! Quand c’est gai c’est sale et quand c’est hétéro c’est normal. Pas pour moi! Voilà pourquoi je suis en faveur de l’ouverture des saunas gais, conditionnellement au respect des règles édictées par la Santé Publique du Québec. Un point c’est tout.

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