Carle Jasmin
Dans la semaine du 6 décembre 2021, le parlement canadien votait la fin des thérapies de conversion et les rendait illégales. Ce faisant, il a libéré des centaines de personnes du joug de pseudo-thérapeutes qui offraient ce service. Mais qu’est-ce qu’une thérapie de conversion au juste?
Selon Wikipédia: « Une thérapie de conversion, parfois appelée thérapie de réorientation sexuelle ou bien encore thérapie réparatrice par ses défenseurs, est un ensemble de traitements pseudo-scientifiques d’origines diverses utilisés dans le but controversé de tenter de changer l’orientation sexuelle d’une personne de l’homosexualité ou de la bisexualité à l’hétérosexualité. De telles thérapies sont aussi souvent proposées à des personnes transgenres. Il n’existe aucune preuve fiable que l’orientation sexuelle peut être changée, et des études, organisations médicales et organisations internationales signalent que ces thérapies sont potentiellement dangereuses. »
C’est ce qui est arrivé à Marco (prénom fictif afin de protéger son anonymat), jeune de 19 ans, de Montréal, qui s’est trouvé forcé par ses parents à aller consulter ce qu’il qualifie de « sorte de gourou pseudo-thérapeute » pendant 3 mois. Une durée relativement courte, mais qui a eu des effets dévastateurs sur son état mental.
« J’avais eu le malheur de dire à ma mère que je trouvais un ami du CÉGEP très beau, il n’en fallait pas plus pour que mon père se fâche et me dise que c’était le psychologue ou la rue », raconte Marco, très ému de me raconter son histoire.
« Au début, le gourou a refusé ma demande de téléconsultation vidéo prétextant qu’il avait besoin d’évaluer mon langage corporel pendant la thérapie, et il m’a reçu chez lui, dans son salon assez peu meublé, même pas dans un bureau. Il voulait se faire payer cash avant la séance et là, il me questionnait sur mes -pulsions- et mes désirs sexuels. J’avais beau lui expliquer que je ressentais plutôt de l’amour, il revenait toujours au sexe, j’avais même l’impression qu’il s’y intéressait de façon malsaine », continue le jeune homme qui m’expliquait en entrevue que cette drôle de situation lui a montré un aspect de ses parents qu’il ne soupçonnait pas et qui a changé sa relation avec eux.
« Au bout de 3 mois, il était rendu qu’il voulait me montrer des films pornos de couples hétéros ou d’une femme seule nue, mais je ne voulais pas, et à chaque fois que je résistais un peu à ses traitements, il contactait mon père qui répétait que si je ne collaborais pas avec le gars, qu’il allait me reconduire à la Maison du Père, comme un itinérant. J’en pouvais plus, je pleurais tous les soirs dans ma chambre et j’étais tellement anxieux des rendez-vous que je ne mangeais plus 2 jours avant ».
Voilà un exemple éloquent de pseudo-thérapies qui peuvent démolir la santé mentale des jeunes. Marco se dit maintenant ouvertement gai et remercie le Gouvernement du Canada d’être venu à son secours. Et prenant son courage à deux mains, le lendemain du vote parlementaire, il a dit à son père que s’il lui reparlait de thérapie, qu’il porterait plainte à la police contre lui. Et il s’est tu!