VIH: DES RÉSERVOIRS PRÉCOCES

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Par: Salle de presse de l’Université de Montréal

Photo: Pierre Gantner et Nicolas Chomont Crédit: CHUM

Jusqu’à présent, la communauté scientifique ne connaissait ni le moment précis ni la manière dont les réservoirs viraux, qui constituent l’obstacle majeur à la guérison du VIH, se formaient chez l’être humain.

Dans l’étude que publie la revue Immunity, l’équipe de Nicolas Chomont, chercheur au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) et professeur à l’Université de Montréal, révèle plutôt qu’une petite fraction du virus s’intègre dans le génome des lymphocytes T CD4+ dès les premières semaines de l’infection (phase aigüe) et ne s’y réplique pas. Il passe ainsi sous le radar de l’outil diagnostique le plus rapide actuellement, à savoir la détection de la réplication virale active.

Cibles privilégiées du VIH, les lymphocytes T CD4 + sont des globules blancs responsables d’activer la défense du corps humain contre les infections. «Grâce à une technique d’analyse mise au point dans notre laboratoire, nous avons pu visualiser et dénombrer ces lymphocytes infectés par le virus dans des échantillons humains prélevés aux stades les plus précoces de l’infection, dit Nicolas Chomont, auteur principal de l’étude. Par séquençage, nous avons réussi à détecter la présence du virus même s’il s’était caché dans des cellules qui ne participaient pas encore à la réplication virale.»

Avec leur technique d’analyse, les scientifiques du CRCHUM ont réussi à comptabiliser les lymphocytes T CD4+ atteints par le virus pendant la phase aigüe de l’infection. En moins de sept jours, leur nombre passe de 10 à 1000 cellules par million de lymphocytes T CD4+, ce qui démontre la dissémination extrêmement rapide du VIH.

Ils ont aussi observé que les caractéristiques des cellules, que le VIH cible dans les premières semaines de l’infection, variaient rapidement et différaient aussi selon qu’elles sont situées dans le sang ou dans les ganglions.

Jusqu’à présent, ce type d’études avait été effectué sur des modèles animaux. C’est donc la première fois que les étapes initiales de l’infection chez l’humain sont décrites avec autant de précision. 

Tout un pan de la recherche mondiale consacrée à l’étude du VIH s’intéresse aux façons de réactiver le virus endormi dans les réservoirs afin de le neutraliser.

«Plus nous commençons tôt le traitement antirétroviral, plus nous empêchons le virus de se répliquer et plus nous limitons la taille des réservoirs, comme nous l’avions démontré en 2020», dit Nicolas Chomont.

«Par contre, il semble clair qu’il faudrait combiner la trithérapie précoce et un autre traitement pour forcer le virus à sortir de ses cachettes, ajoute-t-il. Car, au moment du diagnostic, des réservoirs latents se seront déjà formés chez les personnes infectées par le VIH.»

En collaboration avec des scientifiques des États-Unis, l’équipe de recherche de Nicolas Chomont évalue actuellement si un tel traitement donné lors de la phase d’infection aigüe permettrait de prévenir l’établissement des réservoirs du virus.

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