YAN: SON REFUS DE DÉPISTAGE DU VIH

Image de dépistage

Par: Roger-Luc Chayer

Photo: Howard Klaaste / shutterstock.com

NDLR : Cet entretien, réalisé en décembre dernier, peut susciter une certaine controverse. En tant qu’éditeur, j’ai néanmoins décidé de le publier, car Yan n’est pas le seul à refuser tout test de dépistage du VIH. Il est important de reconnaître l’existence de ces personnes et d’en être conscient.

Yan a 59 ans. Secrétaire juridique de formation et de carrière, il est encore très actif, tant dans son travail que dans sa vie sexuelle de célibataire qu’il assume pleinement. « J’ai eu quelques relations amoureuses au fil des ans. Je n’ai jamais vécu de drames ou de traumatismes en amour, mais je sais très bien que je ne suis pas fait pour vivre en couple », explique Yan avec candeur.

S’il a accepté de nous accorder cette entrevue, c’est avant tout sous la condition que son identité soit protégée. Il souhaitait également nous proposer ce sujet d’article, ayant constaté que ce qu’il vivait n’avait jamais été abordé, ni par les médias traditionnels ni par ceux des communautés LGBTQ+. Comme il s’agissait d’un sujet particulièrement délicat, c’est sous la devise de Gay Globe — « Le média qui va là où les autres ne vont pas » — que je suis allé à la rencontre de cet homme un peu atypique, mais fort sympathique. Yan a toujours été très sexuellement actif et n’a pas toujours pris toutes les précautions nécessaires pour se protéger. En tant qu’actif (top), il utilise assez rarement les condoms, tandis qu’en tant que passif (bottom), il exige systématiquement que son partenaire en porte un. Il ne prend aucune PrEP (médicament préventif contre le VIH) ni antibiothérapie préventive pour les autres ITSS. Il ne se considère toutefois pas irresponsable : « Je ne suis pas du genre à nier l’existence du VIH et des autres ITSS, je ne suis pas un imbécile ni un conspirationniste. C’est juste que je prends quelques risques à l’occasion en évaluant mes partenaires au préalable », nous explique Yan.

Là où le sujet devient délicat, c’est en ce qui concerne les tests de dépistage du VIH, pourtant recommandés pour les personnes sexuellement actives, et particulièrement au sein des communautés LGBTQ+. Yan me dit qu’il ne veut rien entendre à ce sujet. Il explique qu’à l’époque de sa jeunesse, avec l’apparition du VIH/SIDA — une époque où aucun traitement n’existait —, il s’est seulement fait tester une fois, à l’âge d’environ 28 ans, et que cette expérience l’a profondément marqué. «  Je sais que les traitements ont beaucoup évolué et qu’il est tout à fait possible de vivre une vie normale même avec le VIH, mais pour moi, un diagnostic de séropositivité serait synonyme de mort assurée. J’ai vécu à une époque où mes amis et des personnes que j’aimais mouraient en quelques mois à cause du VIH, et cela m’a marqué à vie. Recevoir un diagnostic de VIH aujourd’hui signifierait la fin de ma vie », explique-t-il avec émotion, lui qui a accompagné au moins 6 de ses amis vers la mort . »

Yan explique aussi que son refus de se faire tester, et donc de savoir s’il est séropositif ou non, découle également d’une époque où des procureurs de la Couronne accusaient fréquemment les personnes séropositives de propager la maladie et tentaient de les emprisonner sur la base de leur statut sérologique. Pour lui, il est hors de question de se retrouver dans une telle situation.

Gay Globe a accepté de traiter ce sujet dans le but de mettre en lumière une partie de la société souvent ignorée, afin de susciter une prise de conscience sur les risques que certaines personnes prennent. Cela pourrait même sauver des vies…

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