Par: Roger-Luc Chayer
Avec le perpétuel débat international entourant la méthodologie utilisée pour comptabiliser les cas d’infection à la COVID-19, il est devenu plus important que jamais de mieux expliquer comment on arrive aux résultats qu’on nous communique tous les jours, que ça soit au Québec ou au niveau international. Alors qu’il serait si simple que les autorités de la santé publique du Québec nous expliquent le mode de calcul et l’impact de ces chiffres sur les décisions des autorités, on continue de nous donner des résultats, et cela permet à toutes les théories conspirationnistes et aux négationnistes d’exister. Je vais donc vous expliquer dans cet article comment le taux de transmission de la COVID est calculé et pourquoi les mesures de semi-confinement sont essentielles. Un des mythes qui circule allègrement depuis plusieurs mois est que si on découvre plus de cas de COVID, c’est simplement parce qu’on effectue un plus grand nombre de tests, donc forcément la maladie ne se disséminerait pas plus, on ne ferait que découvrir les cas présents. Cela est faux. Pour imager mon propos, je vais vous donner deux exemples du quotidien. Si vous prenez un verre de vin à 12,5% d’alcool et que vous y ajoutez 50% d’eau, chimiquement parlant, le taux d’alcool sera diminué, le vin sera dilué et tout le monde comprend ça, d’où l’expression « mettre de l’eau dans son vin » qui signifie de se calmer, de tempérer, de faire un compromis. Même chose avec le savon à vaisselle de tous les jours. Vous aimez son effet moussant et surtout son efficacité contre la graisse, si vous le diluez à 50% avec de l’eau, il deviendra moins efficace puisque ses ingrédients actifs seront en moindre quantité. Dans la logique des négationnistes, c’est parce qu’on augmenterait le nombre de tests, qu’on trouverait plus de cas. Mais ce n’est pas exact selon les règles statistiques utilisées par la Santé publique. Si on appliquait la logique de la dilution, plus on ferait de tests dans une société où les cas n’augmenteraient prétendument pas, nous arriverions à des résultats toujours à la baisse, puisque ces cas existants, en l’absence de transmission, seraient dilués! OR, ce n’est pas ce qui se passe au Québec ni dans la plupart des pays où l’on constate actuellement une seconde vague. Plutôt que d’avoir un taux de transmission dilué parce que le nombre de tests augmente, le taux AUGMENTE de façon importante. Cela signifie que même si on teste plus que jamais, il y a encore et toujours plus de personnes qui s’infectent et c’est pour cette raison que les mesures sanitaires sont plus sévères. À partir du moment où le nombre de tests sera le même, mais qu’on observera une baisse du taux de transmission, on pourra parler de contrôle sur le virus dont la transmission sera forcément limitée. Malheureusement, nous n’y sommes pas encore et c’est un effort important qui est demandé au public pour pouvoir faire baisser le fameux taux de transmission. Nous le devons bien non seulement à ceux qu’on aime, mais à l’économie, au système de santé, au système éducatif, etc. J’espère que cette explication mathématique permettra à certaines personnes qui ne comprenaient pas la situation dans laquelle nous sommes, de mieux comprendre l’importance du masque et de la distanciation.