Par: Roger-Luc Chayer / Image: Générée électroniquement ©Gay Globe
L’actualité des dernières semaines, marquée par les déclarations du président Trump sur l’immigration, ramène le chemin Roxham au cœur des nouvelles. Ce chemin traverse la frontière entre le Canada et les États-Unis, reliant le village de Champlain, dans l’État de New York, et celui de Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec. Depuis quelques années, il fait l’objet d’une certaine couverture médiatique, car il est devenu un point de passage pour des migrations irrégulières vers le Canada en provenance des États-Unis.
Nathan, un jeune Haïtien homosexuel de 25 ans, vit désormais à Montréal. Son parcours, à la fois passionnant et bouleversant, a été partagé récemment dans une entrevue avec Gay Globe.
Il y a environ trois ans, Nathan a fui Haïti en raison des importantes discriminations qu’il subissait à cause de son homosexualité. Sa famille était également victime de violences à cause de lui. Rappelons qu’Haïti est aujourd’hui en grande partie sous le contrôle de gangs armés, et que les lois ne s’appliquent plus sur la quasi-totalité du territoire. Un jour, un missionnaire chilien qu’il connaissait bien lui a proposé de lui payer un billet d’avion pour se rendre au Chili et y trouver refuge. Sans hésiter, Nathan a saisi cette opportunité pour quitter le pays. C’est le début d’une véritable aventure qui s’est ouverte à lui, sollicitant son instinct de survie bien au-delà de ce qu’il aurait jamais imaginé. Peu de temps après son arrivée au Chili, Nathan a entrepris un voyage vers le nord, souvent rendu possible grâce à la générosité des personnes qu’il croisait sur son chemin.
Après des semaines passées à voyager en bus, à marcher, à prendre le train ou à utiliser des transports en voiture, il a finalement atteint la frontière américaine, au nord du Mexique. Là, il s’est présenté aux gardes-frontières. Comme il n’avait ni famille ni répondant aux États-Unis, son entrée a été acceptée sous certaines conditions.
C’est de ville en ville, de canapé en canapé, et toujours grâce à la solidarité des communautés LGBT, que Nathan a traversé les États-Unis, du Texas jusqu’à la Floride, avant de remonter vers New York où il espérait enfin s’établir durablement. Il avait toujours espéré vivre le rêve américain, et il avait réussi à le concrétiser. Mais voilà qu’un jour, deux mois après son arrivée à New York, un ami lui parle du « rêve » canadien et des opportunités qu’offre ce pays, notamment pour les réfugiés noirs. Il monte à bord d’une voiture, et sept heures plus tard, avec son baluchon, il arrive au chemin Roxham, côté américain. Il traverse à pied jusqu’à la frontière canadienne, où il est accueilli par des policiers. Il demande alors le statut de réfugié.
Deux ans plus tard, Nathan est toujours en attente de son audition au Tribunal de l’immigration. Il vit avec une grande anxiété et traverse de longues périodes de solitude, car il ne sait toujours pas si sa demande de statut de réfugié sera acceptée. Toutefois, un aspect très important de sa prise en charge au Canada le préoccupe continuellement. Il est conscient de la chance qu’il a d’être dans ce pays, de recevoir l’assistance nécessaire en attendant sa résidence permanente, mais il ne sait pas comment rendre au Canada ce qu’il lui a offert. Lors de l’entrevue, il a exprimé beaucoup de tristesse à l’idée de ne pas être à la hauteur des attentes du pays. Nathan est un être sensible et brillant, espérons qu’il trouvera un jour la paix et le bonheur qu’il mérite. En attendant, garde ton beau sourire, Nathan !