L’homophobie de Facebook

Roger-Luc Chayer

C’est fou comme certains algorithmes ou carrément certains opérateurs chez Facebook peuvent démontrer une homophobie telle qu’elle se doit d’être non seulement dénoncée, mais réprimée. Souvent, il m’arrive de lire des commentaires homophobes très violents, et selon l’opérateur en service et surtout ses convictions personnelles, le message, une fois signalé, se retrouvera effacé ou maintenu en disant que les règles de Facebook ne sont pas enfreintes, alors que les messages haineux sont justement interdits. 

Par exemple, si un abonné me traite de « sale pédé », en réponse à un de mes commentaires, lorsque le message est signalé à Facebook, selon le goût personnel de l’opérateur, soit il l’effacera, soit il le maintiendra, si cela est conforme avec ses moeurs ou sa religion. Quand le terme de « fif » a été utilisé dans un message sur la page de Gay Globe, lorsque je l’ai signalé, comme l’opérateur était soit français (France), soit arabe francophone ou d’un quelconque autre pays francophone, le terme a été maintenu, l’opérateur jugeant qu’il n’enfreignait pas les règles, simplement parce qu’il ne savait pas la signification de ce terme spécifique au Québec. Dans le cas que je vous présente aujourd’hui, c’est une tout autre histoire qui n’a pas plus de sens.

Depuis au moins 10 ans, je vends des oeuvres d’art, des antiquités ou des objets de collection sur Marketplace, qui appartient à Facebook. Je n’ai jamais eu de problème avec mes annonces et je vends régulièrement des biens grâce à ce service. Or, il y a quelques jours, lorsque j’ai renouvelé mes annonces comme à l’habitude, j’ai reçu une multitude de messages d’alerte portant sur au moins 50% de mes objets, m’informant que les annonces n’avaient pas été autorisées, parce qu’elles concernaient des produits à caractère ouvertement sexuel, comme on peut le voir dans l’encadré rouge à gauche.

Mais voilà, toutes mes annonces n’ont rien de sexuel! Qu’est-ce qui pouvait bien expliquer une telle réaction de Facebook? Après réflexion, la seule explication possible était que quelqu’un au service de Facebook, qui approuve les annonces, a vu que le nom de ma page était « Gay Globe Média » et a tout simplement décidé de bloquer ces annonces. S’il ne s’agit pas là d’une discrimination homophobe, qu’est-ce que c’est? J’ai donc dû faire appel de ces décisions saugrenues, et j’ai obtenu gain de cause, évidemment! 

Que dit la Charte québécoise sur la question? L’article 10 dit: « Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur l’orientation sexuelle. Il y a discrimination lorsqu’une telle exclusion a pour effet de détruire ou de compromettre ce droit. » Je recommande donc, dans de telles circonstances, de ne jamais hésiter à porter plainte à la Commission des droits de la personne, ça ne peut qu’aider ces compagnies à mieux comprendre nos réalités.

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