Il y a, en matière de sexualité et de sensualité humaines, une vaste panoplie de définitions sur l’amour, l’amitié et les relations entre personnes de même sexe. Les sociologues sont les experts en matière de relations humaines et si je vous en parle aujourd’hui, c’est que j’ai découvert récemment un nouveau terme, l’homosen- sualité. Vous connaissez?
C’est en visitant des pages de groupes Facebook gais au Maroc, en Algérie et en Tunisie, pour me tenir toujours informé de ce qui se passe dans ces pays, que j’ai remarqué qu’on utilisait très sou- vent le terme d’homosensualité, pour ne pas oser dire homosexua- lité. Comme nous le savons tous, il y a dans les pays musulmans une intolérance assez marquée pour les relations entre personnes de même sexe et plutôt que d’admettre leur homosexualité, de nombreux hommes vont plutôt parler d’homosensualité, beaucoup mieux acceptée. Mais qu’est-ce que l’homosensualité au juste?
La définition exacte est difficile à trouver car il ne semble pas exister de consensus clair, mais selon Wikipédia, «En sociologie, l’homosocialité décrit les relations fréquentes et régulières entre membres du même sexe qui ne sont pas d’une nature romantique ou sexuelle, telles que l’amitié, le mentorat ou la bromance. Par définition, elle ne suppose ni l’hétérosexualité ni l’homosexualité et se distingue de l’homoaffectivité (affections fortes entre personnes de même sexe), l’homosensualité (relations sensuelles entre per- sonnes de même sexe mais sans érotisme, comme entre père et fils, mère et fille, camarades militaires ou entre sportifs) et l’homoé- rotisme (relations érotiques entre personnes de même sexe). Le contraire de l’homosocialité est l’hétérosocialité, où l’on préfère des
relations non sexuelles avec l’autre sexe. L’homosocialité a été vul- garisée par la discussion d’Ève Sedgwick sur le désir homosocial masculin, alors qu’elle avait été définie avant par Jean Lipman- Blumen comme une préférence sociale (et non sexuelle) pour les membres de son propre sexe. Le terme s’utilise dans les débats féministes pour qualifier des aspects de la solidarité entre mâles. En plus, certains féministes reconnaissent un lien étroit entre l’ho- mosocialité féminine, le féminisme et le désir lesbien. Les socio- logues, quant à eux, se penchent sur la question controversée du rapport entre l’homosocialité et l’homosexualité.» Bien que la partie concernant les relations sensuelles entre membres d’une même famille, militaires ou sportifs soulève des questions d’inceste dans mon opinion, le reste est assez intéressant.
L’homosensualité est certainement donc une explication intéres- sante quant à l’amitié très profonde que peuvent se porter deux personnes de même sexe. Combien de fois est-ce qu’il m’est arrivé de voir deux hommes se tenir par les épaules en marchant ou se coller en écoutant la télé sans que la moindre sexualité soit im- pliquée entre eux. Cette forme d’amitié implique certainement un confort évident avec sa propre sexualité. J’ai l’impression qu’il doit être assez rare qu’un hétéro macho insécure dans sa sexualité et qui a peur des apparences puisse se laisser aller à quelque forme de sensualité avec un autre homme.
Enfin, la découverte de ce mot, en ce qui me concerne, vient confir- mer le vaste arc-en-ciel des relations entre personnes. Notre dra- peau pourrait, en fait, être celui de tous les femmes et hommes et comporter des dizaines d’autres couleurs. Et pourquoi pas?