Que signifie en 2010 la Fierté gaie et lesbienne?

Par Roger-Luc Chayer
Photo : Google

À chaque année, on vous parle de fierté gaie, qu’elle soit de Montréal, Québec ou d’Amsterdam et on montre dans les médias nationaux traditionnels des images qui sont exubérantes, des costumes audacieux et parfois, des comportement un peu hors normes.

Voilà comment dans le “mainstream” on explique les parades de la communauté gaie et lesbienne, sans jamais aller au-delà de l’image, sans expliquer d’où vient l’idée des défilés de la Fierté!

Quand on se pose la question par contre, que ce soit chez les gais ou les hétéros, on donne souvent une définition de cette fierté comme étant celle d’être fiers d’être différents, fiers de montrer sa différence alors qu’à l’origine, la fierté gaie célébrée était plutôt celle des accomplissements, de l’émancipation légale et sociale ou communautaire. Les gais célèbrent la fierté de ce qu’ils ont fait!

Selon l’encyclopédie Internet Wikipédia, En juin 1969, un groupe de lesbiennes, gais et transsexuels se rebellèrent contre les forces de police venues faire une descente au Stonewall Inn, un bar gay de New York et une lutte entre forces anti-émeutes et homosexuelles fit rage pendant plusieurs jours. Les émeutes de Stonewall sont depuis considérées comme le début de la lutte pour l’égalité des droits entre homosexuels et hétérosexuels.

Brenda Howard, connue comme la « mère de la Fierté », dirigeante de la première heure du Gay Liberation Front et de la Gay Activists Alliance coordonna la commémoration du premier mois anniversaire des émeutes, puis le premier anniversaire en organisant la Christopher Street Liberation Parade à New York le 28 juin 1970, tandis que des marches anniversaires avaient également lieu à San Francisco et Los Angeles.

Il est donc important de souligner l’importance de la commémoration de cet assaut sauvage des forces policières contre des personnes de la communauté gaie simplement parce qu’elles étaient gaies. Voilà la signification historique des Fiertés gaies mais où en sommes-nous avec le concept en 2010? Est-ce que les gais se souviennent? Est-ce que le virage commercial et la récupération politique ont des effets négatifs sur l’événement?

Depuis plus de 15 ans maintenant, à Montréal et dans une moindre mesure à Québec, les célébrations se sont commercialisées et il n’est pas rare de voir de grandes compagnies afficher leurs logos pendant les marches ou des politiciens venir ouvrir les marches, sourire aux lèvres. À chaque année, Gay Globe Média sonde le public présent aux défilés ou demande à ses lecteurs de se prononcer et les résultats sont pratiquement toujours les mêmes:

– Les gais sont heureux de voir la présence d’entreprises dans leurs commémorations à condition de respecter l’histoire gaie, de ne pas utiliser des clichés hétéros comme l’hypersexualisation, de ne pas récupérer l’événement à des fins religieuses comme le font les Raéliens par exemple.

– Les gais n’accordent aucune crédibilité aux politiques qui se pointent à l’événement et qui ne donnent plus signe de vie le reste de l’année et considèrent que les politiciens, sauf ceux responsables de gestes à l’origine de l’émancipation spécifique des gais et lesbiennes devraient s’abstenir de venir. 98% des gais sondés déclarent qu’ils ne changeront jamais leurs opinions politiques à cause de la présence des politiciens aux défilés sauf celle des élus des quartiers gais ou sympathisants. La Fierté gaie, avant d’être une fête, est une commémoration.

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