REMONTÉE FULGURANTE DES ITSS

Roger-Luc Chayer

Depuis le début de la pandémie en 2020, les autorités sanitaires québécoises ont été en mesure de constater une forte remontée des maladies transmises sexuellement dans toutes les régions du Québec. Bien que la plupart se traitent relativement bien, sauf pour les plus sérieuses comme le VIH, la gonorrhée résistante ou le lymphogranulome vénérien, des médicaments utilisés pour d’autres conditions commencent à faire leurs preuves, en remplacement de certains antibiotiques. Parlons-en de ces nouvelles alternatives…

Le Bexsero est un vaccin habituellement utilisé pour immuniser les patients contre la méningite du groupe B et ses conséquences graves comme la septicémie (infection mortelle du sang). Or, depuis peu, il s’est avéré assez efficace contre la gonorrhée. Bien que l’utilisation de ce vaccin n’est pas encore officiellement approuvée pour prévenir la gonorrhée, de nombreux médecins spécialisés dans le domaine des ITSS le prescrivent de plus en plus.

Le Dr Troy Grennan, médecin responsable du programme VIH/IST au BC Center for Disea-se Control, a expliqué que la raison pour laquelle on pense que Bexsero agit dans la prévention de la gonorrhée ainsi que de la méningite est que les deux maladies sont causées par une bactérie apparentée.

« L’idée est que le vaccin contre la méningite cible en fait une zone où il y a un chevau-chement entre les deux organismes« , a-t-il déclaré à CTVNews.ca. Il s’agirait donc ici d’une première, car on parle d’un vaccin pré-ventif contre une des plus fréquentes infec-tions sexuellement transmises. On ne connaît pas encore la durée de son efficacité, les recherches se poursuivent.

Un autre antibiotique connu depuis longtemps et utilisé pour traiter diverses infections des voies respiratoires ou des voies urinaires est utilisé par certains médecins non pas pour traiter, mais en prévention contre la syphilis. Vous avez bien lu, en prévention. L’avantage de cette thérapie est qu’on peut traiter des communautés très exposées à cette maladie grave en mettant un bouclier préventif qui permettrait d’empêcher la bactérie d’envahir le corps dès le début. Il s’agirait en fait de donner une faible dose quotidienne de cet antibiotique aux patients sexuellement actifs qui n’ont pas l’habitude de se protéger avec un condom.

Par contre, certains opposants à l’usage de cet antibiotique croient qu’on cause possi-blement plus de tort que de bien en exposant un patient de façon chronique à un anti-biotique qui est actuellement très efficace contre d’autres infections. On parle ici d’une résistance qui pourrait survenir après un certains temps et cela aurait pour effet de ne plus permettre l’utilisation de cet antibiotique contre les autres infections. Pire, cet usage, non encore approuvé par Santé Canada, pourrait mener vers la survenue d’infections résistantes, des sortes de super-pneumonies ou de super-infections urinaires qui mèneraient possiblement vers la mort. Des études supplémentaires doivent être faites.