VIH: ENFIN UN VACCIN EFFICACE?

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INSERM

Les premiers résultats de l’essai ANRS VRI06 de phase I (1) d’un vaccin préventif contre le VIH conduit par l’Inserm-ANRS et le Vaccine Research Institute (2) (ANRS et Université Paris-Est Créteil) révèlent que le candidat vaccin est sûr et induit une réponse immunitaire précoce, importante et durable. Ces résultats ont été présentés le 21 février 2023 à la CROI, la conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes, qui s’est tenue du 19 au 22 février à Seattle et en ligne.

Bien que ces résultats préliminaires soient encourageants, il est important de noter que l’efficacité du vaccin reste encore à démontrer. Le candidat vaccin développé par le VRI, appelé « CD40.HIVRI.Env », repose sur l’injection d’anticorps monoclonaux (3) qui ciblent spécifiquement un récepteur, la molécule CD40, à la surface des cellules dendritiques (4). C’est la première fois qu’un vaccin vise directement ces cellules qui jouent un rôle clé dans l’éducation et l’activation du système immunitaire. Une protéine de l’enveloppe du VIH est fixée sur les anticorps monoclonaux du candidat vaccin afin que le système immunitaire apprenne à reconnaître et neutraliser le virus. Alors que le recrutement des 72 personnes nécessaires pour mener l’essai de phase I s’est terminé en France et en Suisse en octobre 2022, une analyse intermédiaire des résultats sur 36 volontaires inclus a pu être réalisée. L’essai vaccinal s’adresse à des volontaires en bonne santé pour lesquels la consigne a été donnée de continuer à se protéger de tout risque d’infection par le VIH. Il a été construit avec une escalade de doses : un premier groupe de 12 personnes a reçu par voie sous cutanée une dose de 0,3 mg de vaccin à l’inclusion et aux semaines 4 et 24. Le second et le troisième groupe ont ensuite reçu respectivement des doses de 1 et 3 mg selon le même schéma. Le vaccin est associé à un adjuvant, l’Hiltonol®, qui a pour but de renforcer l’action potentielle du vaccin.

L’essai est mené en double aveugle avec l’injection d’un placebo à certains volontaires. La sécurité et l’immunogénicité (5) ont été évaluées aux semaines 6, 26 et 48. L’équipe de chercheurs a observé que le vaccin induisait des taux élevés d’anticorps dirigés contre les protéines d’enveloppe du VIH : entre 80 % à 100 % à la semaine 6, 100 % à la semaine 26 dans tous les groupes (0,3, 1 et 3 mg). Ces taux sont restés stables, ou en légère baisse, jusqu’à la semaine 48. Des anticorps ciblant une zone spécifique de l’enveloppe du VIH (la région V1/V2) ont également été produits. De plus, des anticorps neutralisants ont été détectés chez 50 % des personnes vaccinées du groupe 0,3 mg et chez 100 % des deux autres groupes à la semaine 26. Les chercheurs ont également observé la production de lymphocytes T CD4 spécifiquement dirigés contre la protéine d’enveloppe du VIH après la vaccination qui restent stables jusqu’à la semaine 48.

L’équipe poursuit le suivi des volontaires pendant 12 mois. La 2e étape de l’essai se poursuit avec des groupes supplémentaires de volontaires ayant reçu le candidat vaccin CD40.HIVRI.Env associé à un autre vaccin actuellement en développement en phase II/III. Ce dernier, le « DNA-HIV-PT123 », est un vaccin à ADN qui pourrait amplifier la réponse immunitaire.

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