
Opinion par: Roger-Luc Chayer
Photo: Alex Brandon/AP
La communauté gaie internationale est sous le choc de la trahison morale du groupe Village People, qui a participé aux festivités de l’inauguration du président Donald Trump fin janvier 2025.
Formé dans les années 1970, Village People est connu pour ses chansons festives et ses costumes inspirés de figures masculines emblématiques de la culture américaine. Le groupe a marqué l’histoire de la musique avec des hymnes dansés, particulièrement populaires dans la communauté LGBTQ+.
Le groupe est devenu un symbole de l’émancipation des hommes gais au début, en ouvrant la voie à l’inclusion à une époque où le VIH n’était pas encore identifié. Entre 1970 et 1990, la communauté gaie a contribué au succès de nombreux artistes dans les genres disco, pop et new wave, soutenant des artistes comme Donna Summer, Sylvester, ABBA, et Madonna.
Cependant, Donald Trump a régulièrement utilisé le tube « Y.M.C.A. » lors de ses rassemblements, un paradoxe pour un morceau perçu comme un hymne gai alors que Trump avait des politiques contestées envers les droits LGBTQ+. En 2020, Victor Willis, le chanteur principal des Village People, a demandé à Trump de cesser d’utiliser la chanson sans succès.
Le 20 janvier 2025, lors d’un spectacle suivant l’inauguration de Trump pour un second mandat, Village People a accepté de chanter en direct, déconcertant les communautés LGBTQ+.
Le groupe n’a pas évoqué l’histoire de la chanson ni ses significations, notamment sa relation avec la culture gaie et la liberté sexuelle. « Y.M.C.A. », sortie en 1978, est devenue un hymne festif et une référence codée pour la communauté gaie, même si les membres du groupe ont parfois nié son interprétation homosexuelle.
Dans une publication avant la prestation, Village People ont expliqué que leur décision pourrait déplaire à certains fans, mais que la musique devait être jouée sans considération politique. Victor Willis a ajouté qu’ils cherchaient à rassembler les gens et à soutenir le président élu, malgré ses divergences politiques.
Cette décision a provoqué des réactions similaires à celles d’autres artistes qui ont perdu une partie de leur base de fans en raison de leurs prises de position contre les droits LGBTQ+ ou le VIH.
Des figures comme Pat Boone, Anita Bryant, Kenny Rogers, Cynthia Nixon et Donna Summer ont vu leurs carrières affectées par des commentaires controversés sur l’homosexualité ou le VIH, souvent durant des périodes où les communautés gaies se sont battues pour leur reconnaissance.
Donna Summer, par exemple, a perdu le soutien de la communauté après avoir exprimé des opinions négatives sur l’homosexualité et le VIH, malgré sa popularité dans les clubs gais.
Le groupe Village People pourrait subir le même sort que ces artistes. Leur décision de se produire pour un président perçu comme hostile aux droits LGBTQ+ pourrait ternir leur héritage et les éloigner de la communauté qui les a soutenus.
Nul doute que l’avenir du groupe sera affecté, tout comme celui de ceux qui ont utilisé la culture gaie pour bâtir une carrière avant de se retourner contre elle au profit du pouvoir.