LES DANGERS DES RÉSEAUX

Roger-Luc Chayer

Mario s’inscrit et ouvre un compte sur Gay411 à la mi-mars et décide de n’y mettre qu’une seule photo illustrant le bas de son dos, la courbure de ses reins, sans nudité et indique dans son profile avoir 28 ans et seulement chercher quelque chose de simple. À peine le compte activé, dans l’heure qui a suivi, il a littéralement été bombardé de messages, environ 48, la plupart très agressants ou carrément offensants sexuellement.

«Un mec m’a écrit, sans se présenter ou me poser la moindre question, qu’il voulait mon adresse pour qu’il vienne immédiatement me …», nous raconte le jeune homme plutôt ébranlé de sa première expérience sur les réseaux de rencontres. «Un autre m’a questionné de façon très intense sur des sujets sexuels au point où, malgré mes demandes de cesser, il continuait à me parler de ses fantasmes dont celui de me violer» continue les larmes aux yeux le jeune homme qui vient de terminer ses études universitaires et qui avait un peu de temps avant de se trouver un emploi pour se faire des amis gais ou simplement rencontrer pour un peu d’intimité. Il a tellement été traumatisé de cette première journée sur Gay411 qu’il a demandé la fermeture de son compte et dans l’attente, il a carrément mis une photo d’un homme ventru, a changé son âge à 54 ans pour avoir la paix et cesser de recevoir des messages incessants. Il ajoute d’ailleurs que le harcèlement et les abus verbaux venaient essentiellement d’hommes âgée entre 45 et 60 qui avaient des profils montrant des photos assez vulgaires d’eux-même ou de certaines parties de leur corps. C’en était trop, Mario est retourné à ses anciennes applications comme Grindr…

Ce qu’a vécu Mario est loin d’être un cas unique. Salman, 21 ans,

est un nouvel arrivant à Montréal et, se sentant en sécurité au pays pour vivre son homosexualité ouvertement, s’est ouvert un compte Grindr montrant une très belle photo de lui avec la mention qu’il cherchait à trouver l’amour. Mignon comme tout, vous me direz!

Sauf qu’il a commis l’imprudence d’inviter un homme d’une quarantaine d’années chez lui, à 2h du matin, sans rien connaître de lui, ni son adresse, ni un numéro de téléphone. Sur son profil, l’homme avait l’air bien en forme physiquement. Salman a toujours eu un faible pour les hommes plus matures, plus virils que lui. Surprise, en ouvrant la porte de son appartement, apparaît un homme très âgé, ventru et loin d’être la personne représentée sur la photo. Très mal à l’aise de la situation et inquiet, Salman a demandé à l’homme de quitter, car il ne correspondait pas au profil, mais l’autre ne l’entendait pas ainsi… «Il est entré dans la maison, j’ai dû reculer car j’avais peur et il m’a dit que je l’avais fait déplacer pour rien, qu’il avait droit au moins à une pipe, avec un air fâché. J’étais terrorisé, j’en tremblais et ça se voyait. Malheureusement, mon téléphone était dans ma chambre sur la recharge, je ne pouvais pas appeler à l’aide sans qu’il me suive. Quand il a vu que je ne voulais pas, il a dit qu’il pouvait le demander plus fort et réveiller tout l’immeuble. J’ai eu l’idée de lui dire de parler moins fort parce que mon coloc dormait dans sa chambre, ce qui était faux. Le gars a levé les sourcils et a visiblement eu peur, il a dit de laisser faire et est parti.» Dans ce genre de situation, même si la menace est en ligne ou en personne, il ne faut jamais hésiter à contacter le 9-1-1 pour signaler l’agression physique ou verbale. Les policiers prennent très au sérieux des dénonciations. Au pire, faites-vous accompagner par Gai Écoute, un organisme venant en aide aux LGBT!

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