LE LOGEMENT, UN DROIT

Edward Sanger

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La crise du logement persiste dans la province québécoise. C’est un rapport de force inégal entre propriétaires et locataires qui en est la cause.

Chaque année, plusieurs personnes essaient de trouver un logement abordable. Malheureusement, des prétextes comme la crise sanitaire et le coût de la vie font que les propriétaires abusent en augmentant les loyers de manière exagérée.

«Il y a un abus sur la pauvreté ainsi que de la discrimination», explique l’ancienne porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Marion Duval. En effet, sur plusieurs sites d’annonces (Kijiji, Lespac, Appartogo, etc.) on peut voir des loyers à plus de 800 $ pour un 3 ½ sans chauffage, sans électricité et sans eau courante. 

D’ailleurs, il est précisé, pour certains, que les enfants ne sont pas admis, que seulement les femmes sont admissibles ou encore que les familles nombreuses ne remplissent pas les critères.

La pénurie de logements abordables fait que les gens n’ont pas le choix de payer plus cher, pour s’assurer un toit, en coupant sur les besoins essentiels. Selon les données de Statistique Canada, c’est plus de 34 % des ménages québécois qui dépensent 30 % de leur revenu pour le loyer. 14 % (200 000 ménages) se retrouvent dans une position précaire en dépensant plus de 50 % de leur budget.

La principale cause des loyers abusifs est le rapport de force entre les propriétaires et les locataires. «Il y a un manque crucial d’information sur les droits des locataires», ajoute Mme Duval. Pour cause, les propriétaires jouent d’astuces et d’arnaques pour gonfler les prix. Comme la proximité des services, la qualité des rénovations ou encore l’exigence illégale d’un dépôt de loyer. 

La justification de l’augmentation des loyers devrait être prise en compte par la grille de calcul du Tribunal Administratif du logement (TAL). Entre autres, cela devrait comprendre les augmentations de taxes, les rénovations, l’entretien ou encore les primes d’assurances. 

Aussi, le TAL est la ressource vitale pour les locataires mal informés. Tout locataire a le droit de contester une décision du propriétaire auprès du TAL. Malheureusement, le TAL est une ressource sous-financée. Les délais sont longs et, n’ayant pas le temps de répondre, il réfère les gens à des groupes communautaires. Les locataires se retrouvent dans une position défavorable, laissés à eux-mêmes.

C’est pour cela que le RCLALQ, qui défend la cause des locataires depuis 1978, exige, entre autres, un contrôle des loyers, la fin de l’insalubrité pour permettre un logement de qualité et un rapport de force égal entre les deux parties. 

«Il faut changer le fardeau d’épaule et demander aux propriétaires de se conformer aux lois sur le logement en faisant approuver, en amont, leurs actions lorsqu’elles ont un impact sur la vie d’un locataire. On éviterait les abus et on améliorerait les relations», ajoute Mme Duval. 

Dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le droit au logement a été reconnu par l’ONU en 1948, pour permettre de jouir d’une qualité de vie convenable. 

Malheureusement, pour citer en fin de texte Mme Duval… « Se loger est devenu un luxe et non un droit ».